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Handicap Serafin.ph
Si le seul outil que vous avez est un marteau, vous tendez à voir tout problème comme un clou
C’est par cette éclairante prédiction qu’Abraham MASLOW (promu à la postérité pour sa pyramide des besoins), fit son entrée dans l’horizon indépassable de la motivation humaine.
Pour la première fois l’Etat se pose la question de la frontière de l’action publique en matière sociale et médico-sociale. Pour ce faire, il choisit, dans une approche participative, de délimiter les besoins et clôturer, à travers leurs différentes déclinaisons, l’offre existante ou potentiellement mobilisable.
Cette démarche se propose de répondre à une logique d’équité, de promotion des parcours, de souplesse et plus globalement d’amélioration des modalités de l’accompagnement des personnes en situation de handicap. Imaginer et arrêter des prestations adaptées, mieux ciblées, en poursuivant la volonté vertueuse de trouver une réponse accompagnée pour tous, répond à une appréhension de besoins extrêmement diversifiés, singuliers, complexes et évolutifs. Cependant, vouloir dissoudre cette question des besoins dans un langage commun et partagé par tous, en référence à une norme sociale, n’est-ce pas prendre le risque de l’enfermer dans une classification méthodologique, une forme de nomenclature labellisée ?
Préempter l’expression des besoins et surtout faire des pouvoirs publics, l’autorité à qui est échue la paternité de les définir, questionne au moins trois principes :
1 – Le principe cardinal tendant à rechercher « le consentement éclairé de l’usager » institué par la loi du 2 janvier 2002, dite loi de rénovation sociale et médico-sociale, fait obligation aux établissements et services de contractualiser leurs prestations. Cette loi permet à l’usager de définir son besoin et d’en faire une expression singulière dans l’offre de service disponible, et à l’établissement, la liberté d’aménager sa mission globale aux besoins particuliers de l’usager.
Le projet des pouvoirs publics en prédéterminant les besoins comme les prestations, ne déroge-t-il pas de jure comme de facto à la loi des parties issue de cette contractualisation ? En délimitant le champ des singuliers, ce projet ne réduit-il-pas l’expression des volontés ouverte par la liberté contractuelle ?
2 – Considérant que la notion du besoin est traversée par des tensions manifestes ou latentes mises en scène par les rapports sociaux, elle est nécessairement issue de la forme sociale qui en « discipline » l’expression. « Traduire besoin en besoin de… c’est spécifier un désir, une revendication ou une volonté impliquant un conflit… ». Une codification impersonnelle des volontés, ne mettra-t-il pas un terme à leurs expressions contradictoires et à la diversité des voies recherchées pour les satisfaire ?
3 – Si le besoin, comme désir d’être, accomplit l’existence d’une personne, comment peut-il résister à l’aliénation, si la volonté des pouvoirs publics est de le dissoudre dans un langage commun ordonnancé par une nomenclature.
Pour CHEMEA
Ismaïl MESLOUB
Responsable de la commission colloque